Les Portiques UNESCO entre architecture et histoire
Actualisé le 24 janvier 2025 de Bologna Welcome
Bologne est une ville aux mille facettes et
portiques, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO le 28 juillet 2021. Ces
incroyables constructions urbaines laissent deviner des caractéristiques
architecturales très bien définies et uniques en leur genre.
Les 12 portiques qui composent le site en série UNESCO The Porticoes of Bologna ont été sélectionnés pour leur exemplarité à synthétiser l’histoire d’une architecture millénaire qui s’est bel et bien enracinée dans cette ville comme dans aucune autre réalité urbaine. Dès la fin du Moyen Âge, pour des raisons juridiques, économiques et culturelles, les portiques se sont en effet répandus de façon ramifiée le long du tracé des nouvelles routes en expansion, rendant le paysage urbain incomparable au cours des siècles suivants et le dotant d’une extraordinaire variété de solutions architecturales.
©Marco Augusto Ghilardi
Je suggérerais à l’explorateur contemporain de suivre un ordre chronologique dans sa visite, en partant des portiques voûtés des modestes maisons artisanales, développés à l’initiative monastique, le long de la via Santa Caterina, pour ensuite passer aux différentes espèces de portiques de la fin du Moyen Âge, avec des arcades en maçonnerie soutenues par des murs, qui séparaient la circulation des véhicules de celle des piétons, dont on peut admirer des exemples dans les immeubles bourgeois de Piazza Santo Stefano, avec les colonnes caractéristiques en brique de forme octogonale, qui laisseront bientôt la place aux colonnes en pierre de section circulaire plus classiques.
Le portique de la pré-Renaissance et celui de la Renaissance, entre l’époque des Bentivoglio et la fin du XVI siècle, sont également très bien représentés par les composants de via Galliera et du Baraccano, qui documentent la polyvalence de solutions de portiques d’inspiration antique, tandis que la composante de la Piazza Maggiore et de l’Archiginnasio coïncide avec la zone la plus centrale de la ville et abrite les grands portiques monumentaux des principales institutions civiques qui se développent le long de l’axe du Pavaglione et sous les puissantes arcades du Palazzo del Podestà.
©Marco Augusto Ghilardi
En nous déplaçant ensuite un peu plus au sud, nous pouvons nous mêler à la foule qui fréquente les portiques commerciaux du XIXe siècle, développés autour de la Piazza Cavour et de la via Farini, conçus sous un angle historique en réinterprétant un glorieux passé. Le seul exemple de portique du XXe siècle qui se trouve dans la zone centrale et qui est inscrit sur la liste est le portique du Four à pain, un bâtiment à la valeur sociale profonde construit près de l’ancien port Navile, qui abrite aujourd’hui le Musée d’Art Moderne (MAMbo) de la ville.
En se promenant ensuite le long des routes rectilignes de la zone la plus orientale du centre historique, outre le portique académique de la citadelle universitaire le long de la via Zamboni, nous pouvons apprécier le processus d’adaptation des portiques aux grands édifices religieux. L’axe triomphal de la Strada Maggiore ne se contente pas de relier une séquence interminable de bâtiments résidentiels, mais il accueille également l’extraordinaire portique gothique tardif de l’église de Santa Maria dei Servi, unique en termes d’ampleur et d’élégance. En continuant ensuite vers l’est, la section de portique urbaine de l’ancienne via Emilia se projette également à l’extérieur de l’ancienne enceinte, avec la première « rue couverte » qui rejoint l’église de Santa Maria degli Alemanni.
En nous promenant le long du portique de San Luca, reconnu depuis le XVIIIe siècle comme étant « vraiment unique au monde », nous reparcourons une voie de procession et de dévotion baroque projetée à l’extérieur de la ville fortifiée pour rejoindre le célèbre sanctuaire marial couvert et le relier architecturalement au tissu de la ville. C’est un parcours familier à tous les Bolognais, qui continue encore aujourd’hui d’étonner tous ceux qui affrontent le tracé raide de l’ascension qui se termine à l’intérieur de la basilique à plan elliptique.
Le long de la plaine, ce portique est ensuite intercepté par une autre galerie couverte qui correspond au portique de la Certosa du XIXe siècle, conçu à l’époque napoléonienne comme une rue sépulcrale à portiques très originale. Pour atteindre enfin l’unique composante de portique moderniste, il faut se rendre dans le quartier de logements sociaux de la Barca, près du fleuve Reno, qui abrite le portique connu comme « Il treno » (le train), très particulier, qui, avec son extension de près de 600 mètres, réinterprète à grande échelle les matrices populaires du portique médiéval des origines en utilisant des techniques et des matériaux du XXe siècle.
©Lorenzo Burlando
Francesco
Ceccarelli, professeur d’histoire de l’architecture à
l’Université de Bologne. Grâce à ses recherches sur les portiques bolognais
entre le Moyen Âge et l’ère moderne, il a contribué à leur inscription sur la
liste du patrimoine mondial de l’Unesco.